- ROSE (J.)
- ROSE (J.)Jean ROSE 1915-1992Lorsque Jean Rose prend, en 1965, la direction du palais de la Découverte, l’institution ne lui est pas étrangère. Docteur ès sciences, ancien directeur du laboratoire de cristallographie appliquée du Centre national de la recherche scientifique, puis directeur général des laboratoires de Bellevue, il connaît, comme tout scientifique, le palais de la Découverte mais se souvient, de plus, avoir participé en 1937 au travail de l’équipe de minéralogistes et cristallographes qui, au côté de Jean Wyart, ont accompagné les premiers pas de ce «laboratoire portes ouvertes». «Si les articles publiés dans les revues de vulgarisation scientifique permettent une large diffusion de l’information scientifique, si la radio, le cinéma et surtout la télévision sont des moyens précieux, [...] l’homme de science ne doit pas se désintéresser de cette grande mission: il doit lui-même prendre une part active à la vulgarisation de la science, et il le doit d’autant plus qu’il a la possibilité de mettre en œuvre les moyens les plus efficaces; il a en effet à sa disposition l’expérimentation elle-même, vivante, attirante, passionnante.» Ces propos de Jean Rose marquent, entre autres, l’importance qu’il attachait à la participation des universitaires et des chercheurs à la vie et au développement du palais de la Découverte. À travers les statutaires «comités scientifiques», il les associera à l’orientation, à la conception et à l’exécution de ses multiples entreprises.Pour Jean Rose, l’accueil du public ne se limite pas à la fréquence et à la qualité des expériences et des exposés présentés: le public doit aussi être informé de ce qui lui est offert et être orienté dans ses choix. Dès 1965, il crée un bulletin d’information mensuel très fourni, puis un guide des visites en groupe. Par ailleurs, le public curieux ou désireux d’approfondir ses découvertes doit disposer sur place des documents nécessaires: une grande librairie est installée, la bibliothèque quadruple de surface dans un cadre confortable qu’égayent de nombreuses œuvres d’art. En effet, Jean Rose, artiste peintre à ses heures, a proposé au Salon des artistes français et au Salon des artistes indépendants la présentation post-Salons d’œuvres choisies, affirmant ainsi sa conception d’une culture vraiment générale, unissant art et science.L’exécution du travail doit passer pour lui par une judicieuse répartition des charges. L’effectif et la classification de ses collaborateurs ne sont, en 1965, ni au niveau des espoirs du personnel ni compatibles avec ses propres projets. Avec l’opiniâtreté qui est la sienne, mais grâce aussi à ses qualités de négociateur, il obtient en 1967, avec le soutien de son conseil d’administration, l’application d’un statut calqué sur celui du Centre national de la recherche scientifique, ainsi que les moyens de mettre en place l’organigramme qu’il a imaginé.Espace et moyens sont insuffisants tant pour les expositions que pour les locaux de travail. Dans ce domaine, les ambitions de Jean Rose ne seront pas totalement satisfaites, malgré sa ténacité et sa force de conviction. Le bilan est pourtant impressionnant. Grâce aux ouvertures de crédit du ministère de l’Éducation nationale, l’entrée et l’immense coupole d’Antin sont restaurées, un nouveau planétarium est créé, des laboratoires, des ateliers, des bureaux nouveaux apportent de meilleures conditions de travail. Les soutiens obtenus de la part de grands organismes publics et d’institutions privées permettent le renouvellement et la création muséologique, qui atteindront un taux annuel moyen voisin de 5 p. 100 des installations existantes, alors que, par ailleurs, près de quatre-vingts expositions temporaires ont lieu en moins de vingt ans. Certaines d’entre elles sont présentées dans «l’antenne de l’aéroport d’Orly-Sud».En 1980, la fréquentation annuelle du palais de la Découverte dépasse six cent mille visiteurs, et, en 1982, François Mitterrand remet au palais de la Découverte la médaille d’or de la Fondation de France.Qui sont les visiteurs du palais de la Découverte? Comment le visitent-ils? Une enquête est-conduite à la fin des années soixante sous la direction de Viviane Isambert-Jamati, professeur à l’université René-Descartes. Trois quarts des visiteurs ont moins de vingt-cinq ans... Jean Rose est déjà convaincu du rôle essentiel que doit jouer le palais de la Découverte dans l’orientation de la jeunesse. Développant les activités du club Jean-Perrin (activités de laboratoires et camps scientifiques) dès sa prise de fonction, il accueille l’Association nationale des clubs scientifiques, participe à la création de la Fédération nationale des clubs scientifiques qu’il présidera, fait créer en 1977 le comité scientifique Science-jeunesse du palais de la Découverte. Dans la pratique, une coopération entre ministères, institutions et associations débouche sur des opérations telles que Rencontres jeunes, 78 et 80, Science buissonnière, Salles de découverte, des expositions de travaux d’adolescents, la présence du palais de la Découverte au Salon de l’enfance, la présentation de conférences d’initiation scientifique dans les écoles primaires.Les adultes ne sont pas pour autant négligés: des cycles de conférences d’initiation aux-sciences sont ouverts à tous en soirée, le personnel du palais de la Découverte est engagé dans des missions de coopération extérieure au titre de la formation permanente, de nombreuses actions culturelles sont conduites de concert avec des associations telles que la Société française de physique, l’Association générale de conservateurs de collections publiques, l’Association française pour l’avancement des sciences (Jean Rose présidera ces deux dernières). Élargir l’audience du palais de la Découverte, mieux le faire connaître, le mettre au service du plus grand nombre est un devoir pour Jean Rose. Il crée la Revue du palais de la Découverte , qui comptera près de huit mille abonnés en 1982. Son premier numéro est daté du 1er octobre 1972, celui de juillet 1992 porte le numéro 200. Par ailleurs, il développe les expositions itinérantes en les adaptant à partir des expositions temporaires. Cette initiative est fort utile à une époque où se développe en France un grand courant en faveur de la culture scientifique et technique, marqué par la naissance de centres régionaux. De 1970 à 1980, plus de trois cents présentations d’expositions, en France, en Europe et en Afrique, accueilleront près de deux millions quatre cent mille visiteurs.Enfin, Jean Rose s’engage sur le plan international, notamment au sein du Conseil international des musées (il est membre du conseil exécutif) et plus particulièrement du Comité international des musées de science et technique pour mobiliser les acteurs d’actions communes: publication d’un répertoire des musées de science et technique et d’un bulletin international d’information, présentation à Moscou d’équipements muséologiques, création et circulation d’une exposition itinérante franco-tchécoslovaque.Après l’ouverture d’un nouveau planétarium au palais de la Découverte, Jean Rose dispose d’un second équipement de grande envergure et saisit cette opportunité pour imaginer une antenne régionale du palais de la Découverte. Il n’a de cesse de concrétiser ce projet. Après consultation de nombreux partenaires, il propose une solution viable en 1983: aujourd’hui le planétarium du Trégor (installé à Pleumeur-Bodou) reçoit en moyenne environ quatre-vingt mille visiteurs par an.
Encyclopédie Universelle. 2012.